LA TRANSFORMATION DU CACAO AU CAMEROUN : une niche entrepreneuriale assurée pour les jeunes.
Le cacao est une culture pérenne dont la valorisation des dérivés ou sous-produits est une opportunité entrepreneuriale sans pareille. Le cacaoyer commence à produire à partir de 3-4 ans. Adulte à 6 ans, il produira pendant une quarantaine d’années entre 20 et 80 cabosses par an. Il a une densité de 22 arbres par hectare dans les jeunes cacaoyères de moins de 10 ans ; à 137 arbres entre 10 et 40 ans. Le rendement peut être supérieur à 1000 kg de cacao sec à l’hectare. Il faut de 4 à 6 mois pour que les cabosses soient mûres. Leur couleur varie en fonction des variétés et du degré de maturité. Il existe trois groupes principaux de cacao.Le Criollo qui donne des cacaos fins est originaire d’Amérique centrale et du Mexique. Ses fèves sont grosses, claires, ses cabosses vertes,orangées à maturité. Il ne correspond cependant qu’à 1 % de la production mondiale car il est fragile et sensible aux maladies. Le Forastero a des fèves violettes et des cabosses le plus souvent vertes et jaunes à maturité. Il provient de l’Amazonie. C’est le cacao le plus produit dans le monde (près de 80 %). Le Trinitario est un hybride entre les deux groupes
précédents. Ce cacao représente 20 % de la production mondiale. Le cacaoyer est un arbre de forêt tropicale ou équatoriale. Il réclame un climat chaud et humide. Il est cultivé de préférence entre 0 et 700 mètres d’altitude dans des zones à pluviosité régulièrement répartie tout au long de l’année et avec un sol profond et fertile. Il existe plusieurs façons de propager les cacaoyers.On peut planter une graine, faire une bouture, ou une greffe. La récolte nécessite des précautions pour éviter d’abîmer les coussinets floraux. Quand les cabosses sont basses, on coupe le pédoncule du fruit avec un sécateur.Quand elles sont plus hautes, on utilise un émondoir. On reconnaît une cabosse mûre à sa couleur et au son qu’elle rend lorsqu’on la tapote. Il faut 25 000 cabosses pour obtenir 1tonne de fèves sèches. Une cabosse pèse environ 380 g. Une fève fraîche pèse 2,5 g, et sèche pèse 1 g.
Les pratiques agro forestières à base de cacao au Cameroun existent dans les provinces du Sud-Ouest, du Littoral, de l’Est, du Centre (60% des exportations y proviennent) et du Sud. La main d’œuvre y est disponible, de même qu’une pléthore de clients locaux comme étrangers. Le cacao fait partie des principales cultures commerciales,mobilisant pour la production, la transformation et la vente de nombreux organismes d’appui tant sur le plan local qu’international. Notamment, l’association pour la promotion des initiatives communautaires africaines (APICA), l’institut international d’agriculture tropicale (IITA), Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD). Et sur le plan local, plusieurs ministères sont concernés par les pratiques agro forêts à base de cacao le Ministère de l’agriculture et le Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation ; de surcroît des institutions de recherche y apportent leur soutien à l’instar de l’'Institut de recherche
agricole pour le développement (IRAD), le Renforcement des Partenariats dans la Recherche Agronomique au Cameroun (REPARAC).
La transformation de ses cabosses, de ses fèves et du jus de cacao nous permet de découvrir les mondes magnifiques du cacao. Le nom scientifique du cacaoyer est Theobroma cacao.Theobroma signifie en latin, « nourriture des dieux ». Du fruit de cet arbre et avec son étonnante cabosse qui est un festival de couleurs jaune, verte ou rouge, tout est bon à prendre. La transformation des coques de cacao permet d’obtenir de nombreux produits finis.Notamment, le potassium qui est une cendre potassique entrant dans la fabrication des engrais pour la provende des porcs et des poulets en seconde phase de l’élevage (30 à 51 jours). Le processus de transformation est des plus simples : coques séchées et broyées + 7% de boue d’huile ; coques séchées et broyées + 9 % de boue d’huile. Mais aussi séchées et incinérées, elles servent à la composition d’engrais pour les plantes à tubercules, cas du manioc soit 100g par plant d’où l’accroissement de 50 %.De plus, la transformation des coques de cacao nous permet d’obtenir du savon à partir de la potasse combinée à de l'huile (Cendre potassique + boue d’huile). Ainsi on peut fabriquer du savon de couleur noire pour la lessive,ou du savon de couleur blanche pour la toilette. Le poids brut d’une coque de cacao est de 80%, 40% après broyage et 30% après incinération. Energie métabolisable: 1012 kcal/Kg Ms ; teneur en protéines : 8,5 % MS, proche de 9% pour le mais ; teneur en cellule brute 27 % MS limite pour l’alimentation des volailles ; faible taux de digestibilité de cellulose chez les coqs adultes 22 % ; faible taux de digestibilité de protéines brutes 30 %. Les produits se conservent longtemps. L’utilisation des coques séchées a des effets de substitution partielle du mais, avec une réduction du coût de production du poulet de 17 % par rapport au contrôle et réduction de l’utilisation de mais de l’ordre de 55 %. Ces produits ont une très grande clientèle comme les producteurs de provende, les éleveurs et agriculteurs, et les usines de transformations, les instituts de beauté.
Les principaux pays producteurs de cacao sont la Côte d’Ivoire, le Brésil, le Cameroun, le Ghana, le Nigéria et l’Indonésie avec en moyenne 2 600 000 tonnes par an. La CEDEAO produit près de 63% du cacao mondial. Au Cameroun, on produit en moyenne 241 000 tonnes de fèves et 820 000 tonnes de coques par an. Et malgré la disponibilité de la technologie et des matières premières, de nombreux risques sont liés à ce secteur d’activités à l’instar de la contamination du sol, risques dans la collecte (morsure de serpents, d’insectes …), le mauvais état des routes, les maladies saisonnières, l’insuffisance et la mauvaise qualité de la matière première, les contraintes en matières de pestes (la pourriture brune, les pesticides, les attaques de rongeurs, les loranthacées).
Sans aucun doute, la valorisation des sous-produits du cacao contribue à réduire l`importation de certains produits de première nécessité, aussi à lutter efficacement contre la pauvreté, le chômage en milieu jeune et à freiner l`exode rural tout en augmentant les revenus des producteurs.En plus, la transformation de des dérivés du Cacao évite la pollution du sol et la désinfestation des cacaoyères par la pourriture brune. Comme dirait le physicien Lavoisier, « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ».
PAR EBENYE AGON Lydia Annita avec la contribution de BELLA ODEN Gervais Martial
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